La tentation de l’Ironman : Un défi spontané et le choc de la réalité

C’était une journée ensoleillée de juin 2015, marquée par un déplacement en après-midi pour accompagner Nathalie, ma directrice, à un événement clé au sein de l’écosystème d’affaires québécois. L’événement, rassemblant des représentants tant du monde institutionnel que de l’entreprise, se déroulait dans un magnifique édifice du Vieux-Port de Montréal.

Pendant notre trajet, Nathalie m’a demandé comment je comptais passer le week-end. Ma réponse était plutôt simple : quelques activités habituelles, rien d’extraordinaire. À son tour, elle m’a confié qu’elle allait participer à un événement au Mont Tremblant au nom d’Ironman. Comme elle a perçu à travers l’expression de mon visage que je n’avais pas saisi, elle a pris le temps de préciser qu’il s’agissait d’un triathlon prestigieux combinant la course à pied, la natation et le vélo.

Sur le moment, le nom Ironman m’a semblé à la fois amusant, et l’idée de fusionner trois disciplines sportives m’a vraiment enthousiasmé. À ce moment-là, même si cela n’avait aucun lien, j’ai spontanément pensé à l’émission Ninja Warriors, probablement en raison de son aspect compétitif. Lorsque j’ai demandé si je pouvais encore m’inscrire, elle m’a répondu avec un sourire : « Tu es drôle, SI.S.A. »

Sans chercher plus de précisions, j’ai simplement répondu avec un sourire « Ah oui, hhh ». Cependant, mon esprit était en ébullition, s’imaginant des scénarios dignes des Oscars. Je me suis promis de m’inscrire à cette compétition en rentrant chez moi le soir. Avec un peu de chance, peut-être que je décrocherai la première place à cette épreuve.

Ignorant que j’étais, j’ai vraiment osé dire ça.

Ayant passé les dernières années à m’adonner aux sports de combat, en particulier la boxe, j’ai considéré cette course comme un défi à relever en tant que compétiteur passionné. Je suis arrivé à l’événement d’affaires avec l’excitation d’une nouvelle priorité dans ma vie, faire le Ironman. Je ne réalisais pas encore que ma perception de la course à pied, du vélo et de la natation était limitée. Il est essentiel de remonter plus de deux décennies en arrière pour comprendre mon lien avec ces disciplines.

En ce qui concerne la course, une vieille histoire d’amour (au sens peu flatteur du terme) nous lie depuis les débuts des années 90. Cela a commencé lorsque mon père nous emmenait, mon frère et moi, courir avec lui chaque dimanche, tôt le matin, dans la prestigieuse forêt de Bouskoura ou au parc de l’Hermitage de Casablanca. Je détestais réellement cette activité, trouvant toutes les excuses du monde pour ne pas la faire, mais mon père, insistant comme il l’était, ne me laissait pas le choix. 

Après une interruption d’environ une décennie, j’ai renoué avec la course au début de mon adolescence. Cette fois, je l’ai utilisée comme prétexte pour passer mes dimanches matins à la plage de Casablanca. Mon frère aîné, avait l’habitude de courir avec ses amis pour rester en forme. Il partait vers 6 h du matin, parcourant près de 6 km. Je sortais avec lui, mais je ne courais guère plus de 600 à 1000 mètres, dans le meilleur des cas, avant de continuer en marchant.

Une autre décennie s’est écoulée avant que je ne reprenne la course en France, cette fois dans le but de perdre du poids. Bien que j’aie maintenu la pratique pendant environ un an, la distance maximale que j’ai parcourue n’a jamais dépassé les 5 km.

Jusqu’à la découverte de l’Ironman, ma pratique de la course était caractérisée par des périodes d’arrêts et de reprises, parfois liées à des objectifs de perte de poids. Mon record en distance était alors de seulement 6 km.

Mon lien avec le vélo était moins ordinaire que celui avec la course à pied.  À l’âge de 12 ans, un cousin éloigné de France m’avait offert un petit VTT qui n’était pas à ma taille, mais qui faisait parfaitement l’affaire. Ce vélo restait dans la maison de ma grand-mère, car mon père s’opposait à l’idée de l’avoir à Casablanca par crainte des risques d’accidents. J’aimais donc aller chez ma grand-mère, principalement pour avoir accès à mon vélo. Bien que je passais mes journées à traîner avec dans les champs, je réalise aujourd’hui que ce n’étaient que de petites distances, ne dépassant jamais les 5 km maximum.

Un jour, une tante a vu ce qu’elle considérait comme des manœuvres dangereuses et l’a rapporté à mon père. Celui-ci a rapatrié le vélo chez nous à Casablanca et l’a solidement attaché avec une chaîne. Il m’a strictement interdit de le prendre, cherchant même un moyen de s’en débarrasser. Sans entrer dans les détails, je vais conclure en mentionnant que j’ai réussi à ouvrir le cadenas, et je partais fréquemment en balade à Casablanca avec ce vélo. Mes années en secondaire 5 et 6 (lycée au Maroc), furent de belles années de balades clandestines.

En ce qui concerne la natation, je me considérais comme un nageur accompli. Mes premières leçons de natation remontent à mon enfance, dans une piscine en milieu rural. J’ai ensuite perfectionné mes compétences à l’âge de 11 ou 12 ans en m’inscrivant au complexe sportif de natation de Casablanca. Malgré un abonnement d’un an, il ne m’a fallu que deux mois pour affiner ma technique avant de ne plus fréquenter ce complexe. J’appréciais particulièrement nager dans l’eau de mer, et lors de mes vacances, notamment à la plage de Oualidia, je passais d’innombrables heures dans les vagues. Jusqu’à mon immigration au Canada, aucun été ne s’était écoulé sans que je ne me rende, plusieurs fois, à la plage pour m’y baigner. Mon amour pour l’eau restait inchangé.

En résumé, mon parcours sportif a connu des périodes d’interruption et de reprise, avec des motivations variées allant de la perte de poids à la passion pour les sports de combat. L’Ironman représente désormais un nouveau défi, unifiant mes (modestes) expériences passées avec la course, le vélo et la natation.

Après la lecture de ces lignes, les connaisseurs aguerris pourraient bien rire de mes prétentions. Vous avez raison, mais je vais persévérer dans cette folie en poursuivant le récit.

Une fois chez moi le soir, je sors mon ordinateur et prépare ma carte de crédit pour mon inscription à l’Ironman Mont-Tremblant. Je voulais surprendre Nathalie dimanche en la croisant sur la ligne de départ et en lui montrant que je suis capable.  

J’ai effectué une recherche sur Google avec le nom Ironman et j’ai atterri directement sur le site ironman.com. En explorant la section des courses, j’ai trouvé celle du Mont-Tremblant, mais à ma grande surprise, il n’y avait plus de places disponibles.

Déçu, j’avais néanmoins décidé de parcourir davantage le site web. En le faisant, j’avais été stupéfait par le prix exorbitant avoisinant les 700 $. J’avais compris qu’il était également possible de participer à la moitié de l’épreuve au prix d’environ 300 $.

En continuant mes investigations, j’avais découvert les détails de la course : 4 km de natation, 180 km de vélo et 43 km de course à pied. À première vue, je n’avais pas bien compris ce que je lisais. C’est en relisant que j’avais réalisé qu’il s’agissait bien de kilomètres.

J’ai essayé d’imaginer la distance de 4 km en nage. J’ai alors ouvert Google Maps et commencé à marquer des endroits que je connaissais, déjà loin à pied. En nageant, cela devait être encore plus intense. Je m’étais rendu compte que cette distance de nage correspondait à celle du parc La Fontaine au marché Jean-Talon.

Ce n’était pas fini, car il fallait ensuite parcourir une distance de 180 km en vélo. Je l’ai facilement visualisé, car ça correspondait à la distance de Casablanca à Rabat qui est d’environ 90 à 100 km. Celle-ci prend une heure sur l’autoroute à 120 km/h. Il s’agissait donc d’un aller-retour à Rabat. Je n’arrivais pas, cependant, à imaginer la durée que prendrait le trajet en vélo.

La cerise sur le gâteau était la course à pied, un marathon de 43 km. À ce stade, mon cerveau avait cessé de raisonner. Et je me suis rapidement rappelé du visage de Nathalie me disant « Tu es drôle, SI.S.A. ». Elle aurait dû me dire que j’étais fou, idiot, déraisonnable, que j’avais une migraine ou que j’étais en train d’halluciner.

Je me suis rendu compte que l’Ironman est destiné aux athlètes confirmés. Ensuite, j’ai regardé de nombreuses vidéos d’éditions passées et j’ai ressenti des frissons en voyant des personnes se dépasser à la ligne d’arrivée après plusieurs heures de course. Je me suis dit que ce n’était pas pour moi aujourd’hui, mais un jour, j’y arriverai. Il faut bien commencer quelque part.

Le jour de la compétition (dimanche), vers 10 heures du matin, j’ai envoyé un message de bonne chance à Nathalie. J’ai compris par la suite que la compétition avait déjà commencé pour elle à ce moment-là. Par la suite, je n’ai pas cessé de consulter le site d’Ironman pour voir si elle  avait terminé sa course. Elle m’avait répondu plus tard dans la journée pour me remercier de mon petit message en précisant que tout s’était bien passé.

Le lendemain, je me rends au bureau tôt le matin, attendant l’arrivée de Nathalie. Lorsqu’elle arrive, en bonne forme, je la félicite et lui demande des conseils au cas où je souhaiterais m’aventurer et vivre cette expérience. En réponse à ma question, elle partage simplement son expérience. 

Sa préparation spécifique à l’Ironman avait commencé 10 mois avant la course, soit en septembre. Mais avant d’entamer cette préparation, elle était déjà une sportive confirmée. Elle a passé ses dernières années à participer à des courses, notamment de nombreux semi-marathons. 

Pour sa période de préparation, son emploi du temps était très chargé. Il comprenait un cours de spinning et/ou de natation, chaque jour tôt le matin. Elle courait une à deux fois par jour de longue distance, à midi et en fin de journée. Les fins de semaine étaient marquées par des entraînements avec un groupe de personnes inscrites également à la compétition. 

Les dix derniers mois de Nathalie étaient caractérisés par une grande détermination et beaucoup de discipline, nécessaires pour habituer son corps à l’intensité de la compétition. C’est à ce moment-là que j’ai compris l’ampleur du sacrifice et de la discipline qu’elle a démontrés pour réussir ce beau défi.

Des premiers pas à la découverte de la course à pied authentique

Elle m’a suggéré de débuter par la course à pied et d’intégrer progressivement les autres disciplines. En partageant des conseils spécifiques pour la course à pied, elle m’a recommandé trois points clés : investir dans des chaussures de course de qualité, être à l’écoute de mon corps et pratiquer des étirements après les entraînements pour prévenir les blessures. Pour ce qui est des chaussures, elle m’a même indiqué un magasin sur la rue Saint-Denis. Plein de détermination, j’ai acheté mes nouvelles chaussures, des Saucony bleues, ce même soir. 

J’ai téléchargé l’application Nike Run Club et commencé à courir au Parc Lafontaine. Ma première course, enregistrée avec des données sur mon allure par kilomètre, le temps total et le dénivelé, a couvert une boucle de 5,36 km autour du parc. Cette première expérience n’a pas été difficile, compte tenu de ma forme physique due à ma pratique régulière de la boxe. C’est ainsi que ma véritable histoire d’amour avec la course a débuté.

Les données de mes courses sont devenues un élément clé de ma progression. Au bout de deux mois, j’ai atteint une distance maximale de 6,38 km. Partageant mon enthousiasme pour cette discipline avec Nathalie et exprimant mon désir de progresser, elle m’a suggéré de mettre en place des courses pendant la pause déjeuner en invitant des collègues et toute personne intéressée à se joindre à nous.

Les premières sorties dans le Vieux-Port de Montréal, de 5 km, demandaient un effort conséquent en raison du rythme élevé de mes collègues. Tout le monde dans le groupe trouvait cela facile et a suggéré d’augmenter progressivement à 7 km, puis à 10 km. La sortie de 7 km était relativement difficile, mais celle de 10 km, ayant suivi la même semaine, a mis fin à mon enthousiasme.

Je me souviens de cette sortie qui avait lieu un jeudi à midi, sous une chaleur extrême. J’ai eu du mal à suivre le rythme de mes collègues à partir du 3e km, et par fierté, je me suis forcé jusqu’au 6 km. À partir du 6e km, ma souffrance a atteint son paroxysme, et on m’a suggéré d’abandonner (de me reposer), ce que j’ai catégoriquement refusé. Mon ego m’avait joué un tour. Finalement, j’ai été abandonné par le groupe, sauf Nathalie, qui est restée avec moi. Elle m’a conseillé de marcher, mais je refusais en affirmant que j’allais bien. 

J’étais empli de fierté après avoir réussi mon premier 10 km, mais les jours qui ont suivi ne furent pas de tout repos. Mon manque d’attention aux étirements et à la récupération a été une négligence de ma part, ne suivant pas les conseils judicieux de Nathalie. Les courbatures ont joué un mauvais tour à mon corps, et j’ai même ressenti des douleurs thoraciques.

Cette expérience m’a fait prendre conscience que pour progresser dans la course, il fallait accorder une attention particulière à la préparation physique et à la récupération. Cela m’a servi de leçon, et j’ai réalisé que négliger ces aspects pouvait avoir des conséquences sur ma performance et ma santé.

Par la suite, j’ai commencé à me fixer des objectifs et des défis plus ambitieux. Initialement, j’ai augmenté mes sorties à quatre par semaine, avec des distances de 5 km, 5 km, 7 km et 10 km. Ensuite, j’ai orienté mes efforts vers l’amélioration de mes performances. Mon défi, modeste pour certains mais significatif pour moi, était de courir le 10 km en moins d’une heure. 

En persévérant, j’ai finalement réussi à courir un 10 km en moins de 58 minutes. Avant d’atteindre cette étape, j’avais entrepris un parcours progressif en m’inscrivant à des courses de 5 km, puis en repoussant mes limites avec un défi de 10 km. Ces expériences m’ont préparé mentalement et physiquement à mon prochain défi.

À la découverte du Semi-Marathon

Après plus de 18 mois d’entraînement, j’ai décidé de me lancer dans mon premier semi-marathon, une étape significative étant donné mon échec précédent lors d’une tentative à Marrakech, à une époque où je ne dépassais pas les 5 km. Mon choix s’est porté sur le semi-marathon de Montréal. 

Ma préparation s’est déroulée dans des conditions optimales, notamment avec la majorité de mes longues sorties effectuées pendant mes vacances en Espagne. Mon objectif était de réaliser une finition en moins de deux heures. Cependant, une semaine avant la course, lors d’une sortie de 19 km, je me suis blessé à la cheville. J’ai ressenti une douleur qui ne semblait pas trop inquiétante au début. Persistant à l’approche de la course, elle a commencé à susciter des inquiétudes. 

Je me suis rappelé alors de toute la rigueur, de la discipline, et de l’excitation de vivre cette expérience à Montréal. C’est ainsi que j’ai foncé récupérer mon dossard et mon t-shirt le vendredi précédant la course à la Place Bonaventure. Je suis parti le lendemain assisté aux courses de petites distances 5 et 10 km a la Place des arts et j’ai adoré l’ambiance.

La veille de la course, je ressentais toujours une légère douleur lorsque j’essayais de sauter. Cela ne m’a pas empêché de me réveiller à 6h du matin le lendemain pour décider de foncer et vivre l’expérience. J’ai bien serré ma cheville et enfilé mes chaussures. Ensuite, j’ai pris un vélo BIXI et je me suis dirigé vers la Place des Arts, où se trouvait le point de départ. À 7h du matin, il y avait déjà beaucoup de personnes qui s’échauffaient.

Traverser le point de départ avait suscité une cascade d’émotions, me poussant à courir à une grande allure avant de vite me rendre compte que je risquais de me fatiguer trop rapidement. Tout au long du parcours, des personnes tenaient des pancartes d’encouragement, des musiciens rythmaient le chemin, et plusieurs stations d’abreuvement étaient disposées. Tous ces éléments ont rendu cette expérience magique.

Je ressentais légèrement la douleur au niveau de la cheville, mais je m’en fichais royalement ; l’ambiance était tellement électrique que cette sensation était devenue une normalité. La performance, n’étant plus ma priorité, je m’arrêtais par moment pour atténuer la douleur avant de reprendre. J’ai bien gardé mon objectif en tête tout au long de la course : terminer mon semi-marathon.

À l’arrivée, j’ai été accueilli avec une médaille comme un héros. Un mélange d’émotions m’a envahi, et un ami était également venu me féliciter. Épuisé, j’avais besoin de m’asseoir pour récupérer. On m’a proposé de voir un physiothérapeute gratuitement, une opportunité que j’ai acceptée avec beaucoup d’enthousiasme. La spécialiste n’a pas réussi à faire un diagnostic et m’a recommandé de la consulter à sa clinique pour évaluer la gravité et éventuellement un plan de guérison. Avant que je ne parte, elle a pris le temps de me faire un massage aux mollets.

Quelques semaines après le semi, je constatais avec satisfaction l’absence de douleur au niveau de ma cheville. Animé par un désir persistant de maintenir ma forme physique et de contribuer à une cause significative, je me suis inscrit à une course de collecte de fonds. Participer à une telle course représentait une opportunité de faire partie d’une communauté unie par un objectif commun. 

La course, qui a eu lieu au parc du Mont-Royal, était marquée par une ambiance unique. Malheureusement, après avoir franchi la ligne d’arrivée avec un sentiment de satisfaction, les douleurs au niveau de ma cheville ont refait surface. La joie de la performance réussie a été tempérée par la réalité d’une blessure persistante. 

Après avoir consulté un spécialiste, mon entorse à la cheville s’est confirmée cette fois. Celle-ci a entraîné un arrêt de la pratique sportive pendant au moins une année. Je ne pouvais même pas pratiquer la boxe, mon sport préféré qui me procure le plus de plaisir et d’endorphines. 

Les mois suivant l’entorse ont été consacrés au rétablissement et à la guérison, créant un mode de vie peu sain pendant près d’une année. La reprise s’est révélée plus difficile que prévu, constatant une régression significative de mon niveau. 

Revenant pratiquement à zéro, ma première course de 3 km a exigé des efforts considérables. Déterminé à retrouver ma forme antérieure, je me suis inscrit au semi-marathon de Montréal prévu dans 3 mois. Cependant, la préparation ne s’est pas déroulée dans les meilleures conditions, avec des difficultés à contrôler mon alimentation et des problèmes de récupération. Malgré la pression que je m’étais mise pour retrouver ma forme, les performances n’étaient pas à la hauteur de mes attentes. J’ai fait finalement le semi-marathon dans une ambiance électrique, mais  avec une performance similaire à ma dernière expérience. 

Après avoir surmonté la deuxième pause forcée due à une entorse, je me suis replongé avec détermination dans mes entraînements de course et dans la boxe, désireux de retrouver encore une fois ma forme physique. Cependant, le destin a mis sur mon chemin une autre entorse à la cheville, m’obligeant à faire une pause une fois de plus. Ces entorses répétitives n’étaient pas anodines, j’ai compris quelques années plus tard leur véritable raison. 

Cette pause a étiré son emprise beaucoup plus longtemps que la précédente, m’immergeant dans une routine loin d’être saine. Celle-ci était marquée par une prise de poids significative et des troubles mentaux. J’avais l’impression d’être tombé dans un puits dont je ne pouvais pas m’extraire. Le déclic salvateur pour m’en sortir est survenu lorsque j’ai contracté la COVID-19 (lisez le récit de mon expérience avec la COVID-19). 

Vers la guérison et la renaissance athlétique, un processus graduel et délibéré

Cette fois-ci, j’ai décidé de prendre le temps nécessaire pour bien faire les choses, et j’ai pleinement cru en ce processus. Mon approche a été axée sur une transformation progressive, avec l’intention de m’inscrire à un défi une fois que je me sentirais prêt.

Dans cette démarche, j’ai commencé par changer mon alimentation, privilégiant des choix plus sains et équilibrés. En parallèle, j’ai intégré des exercices de récupération et accordé une importance particulière à un sommeil de qualité. J’ai également introduit la musculation dans mon programme. Ma priorité était claire : moi-même, et rien que moi. En mettant l’accent sur ma santé physique et mentale, j’ai ressenti une transformation profonde, chaque ajustement contribuant à mon bien-être global.

Croyant fermement en ce processus, j’ai réalisé que le jour tant attendu était arrivé sans que je m’en rende compte. C’était le jour où je me suis dit : « Oui, je le ferai. » Cette décision a été partagée avec des amis tout aussi enthousiastes, prêts à relever le défi avec moi. C’est ainsi qu’a débuté une préparation digne des athlètes de haut niveau (haha) du semi-marathon du Petit Train du Nord.

La course était prévue dans deux mois. Durant cette période, j’ai consacré chaque moment à me préparer pour la performance que je m’étais fixée. Mon objectif était clair : accomplir le semi-marathon en moins de 2 heures. Bien que je connaisse des personnes capables de le faire en 1h35, je me fixais une barre réaliste, étant conscient de ma taille et me contentant de cette référence temporelle ambitieuse pour moi.

Tout au long de ce parcours d’entraînement, la prévention des blessures était une priorité constante. J’étais particulièrement attentif à mes chevilles, sachant à quel point elles jouent un rôle crucial dans la course à pied. Chaque séance d’entraînement était minutieusement planifiée pour améliorer ma performance tout en préservant ma santé physique.

Cette préparation ne se limitait pas seulement à l’aspect physique. J’ai également travaillé sur ma mentalité, cultivant la détermination et la concentration nécessaires pour atteindre mon objectif. 

Le jour de la course, marqué par une pluie persistante, je me sentais en excellente forme. Avec mon application de suivi de course activée, j’ai entamé cette expérience des plus excitantes. Ayant effectué préalablement tous les calculs nécessaires, je visais un temps de 1h59 et devais maintenir un rythme compris entre 5min30 et 5min39 maximum. Le parcours exceptionnel, traversant constamment la nature, ajoutait une dimension particulière à cette aventure.

Cependant, à mon arrivée, l’affichage de mon application Nike indiquait 2h00min57sec. Un instant de confusion s’ensuivit, car je ne parvenais pas à voir mon temps officiel. La recherche frénétique de mon nom sur l’application Nike m’a finalement confronté à la réalité : j’avais terminé le semi-marathon en 2h 49 secondes. Bien que je n’aie pas atteint mon objectif initial, j’étais tout de même proche. Je suis convaincu qu’un ralentissement sur la fin a été le facteur déterminant qui n’a pas permis d’atteindre mon objectif.

Malgré la légère déception, cette expérience s’est révélée être une leçon d’humilité et de persévérance. Elle a alimenté ma motivation pour poursuivre mon amélioration personnelle, affiner ma stratégie de course et me lancer dans de nouveaux défis. Dans les mois qui ont suivi, j’ai maintenu mon engagement en continuant la course à l’extérieur tout au long de l’année, que ce soit en été sous le soleil radieux ou en hiver face au froid québécois.

Cette constance dans l’effort m’a apporté une confiance renouvelée en mes capacités athlétiques. Je me suis progressivement senti prêt à relever le défi d’un triathlon, considéré comme un passage incontournable avant de me lancer dans l’ultime aventure qu’est l’Ironman.

J’ai pris la décision de m’inscrire à l’épreuve Sprint du Triathlon Esprit de Montréal. Avant de m’immerger dans des distances plus longues, je souhaitais vivre l’expérience unique que représente la combinaison de la natation, du cyclisme et de la course à pied.

C’était un nouveau chapitre dans ma quête d’accomplissement sportif, et l’idée de relever ce défi m’inspirait à repousser mes limites. Le Triathlon Esprit de Montréal allait non seulement être une épreuve physique, mais également une aventure où je testerais ma polyvalence. Chaque moment d’entraînement prenait désormais une nouvelle signification, me préparant pour cette expérience unique qui allait mettre à l’épreuve non seulement mon corps, mais aussi mon esprit.

Rechutes, entorses et nouveau défi

Tout se déroulait de manière prometteuse jusqu’au jour où j’ai retrouvé mon pire cauchemar : une entorse à la cheville. Avec seulement trois semaines restantes avant l’épreuve tant attendue, je ne voulais pas abandonner cette expérience. Malgré la blessure, j’ai décidé de persévérer en poursuivant mes entraînements de vélo et de natation, espérant que ma cheville guérirait d’ici le jour de l’événement.

Le jour de l’événement, ma cheville me faisait toujours mal. J’ai débuté par la natation, puis le vélo, mais pour l’épreuve de course à pied, j’ai dû marcher. La frustration était palpable à chaque pas, mais malgré les difficultés, j’ai persisté jusqu’à la fin. Une seule idée tournait en boucle dans ma tête : résoudre définitivement le problème de mes chevilles.

Après avoir rapidement pris rendez-vous avec mon médecin et lui avoir exposé en détail toutes mes mésaventures avec mes chevilles, il s’est montré compréhensif. Écoutant attentivement mes préoccupations, il a décidé de pousser davantage les investigations et m’a prescrit une IRM. Cependant, mon rendez-vous pour celle-ci n’est survenu que six mois plus tard. Malheureusement, au cours de cette période d’attente, j’ai subi deux autres entorses, avec un intervalle de trois mois entre chaque incident.

Les résultats de l’IRM ont finalement été révélés, et ils indiquaient des déchirures complètes des ligaments. Cette constatation expliquait non seulement mes récentes mésaventures, mais également les défis persistants que j’avais rencontrés tout au long de ma quête sportive. 

Cette nouvelle compréhension de l’étendue des blessures a été déconcertante, surtout après qu’un orthopédiste m’a informé que les sports sollicitant les chevilles, notamment mes deux favoris, la boxe et la course, étaient désormais proscrits à vie. Après des infiltrations de cortisone et des consultations auprès d’un médecin du sport et d’une chirurgienne, des solutions m’ont été proposées ce qui m’a redonné le sourire. Cela a marqué le commencement d’un plan de traitement visant à soigner les déchirures ligamentaires et à orienter ma récupération de manière précise. Bien que le chemin vers la guérison soit long, il ravive l’espoir.


Ce traitement est en cours et mon envie de faire d’autres défis sportifs et surtout le Ironman est toujours présente. J’ai hâte de mettre à jour cet article avec de bonnes nouvelles (à suivre).