Les premiers signes
Un agréable samedi ensoleillé du mois de mars 2021 marque le début des symptômes. Au réveil, je suis tourmenté par d’intenses douleurs musculaires, particulièrement dans le bas du dos. Après une réflexion sur la journée précédente, dénuée d’activités physiques marquantes, je conclus que mon matelas nécessite un remplacement urgent. Les douleurs insupportables me motivent à acheter, le jour même, un matelas de qualité dans un magasin à proximité, Matelas Bonheur.
En fin d’après-midi, malgré quelques tâches ménagères, je décide de profiter du soleil, bien que je ne me sente ni bien ni énergique. Les pensées négatives s’installent, mais je sors tout de même. Le beau temps contraste avec ma fatigue et ma faiblesse, me laissant perplexe. Le lendemain, les douleurs persistent, et j’attends impatiemment l’arrivée de mon nouveau matelas. La journée est consacrée au ménage et à la préparation des repas. En fin d’après-midi, j’apprends que j’étais en contact avec une personne positive au Covid-19. Le confinement et le passage du test sont requis par la santé publique dans ce cas-ci.
Les recherches en ligne sur les symptômes du Covid-19 n’apportent rien d’inquiétant au départ, mais une fatigue, des douleurs musculaires, des maux de tête et de gorge émergent rapidement. La nuit est agitée, marquée par de la fièvre. Les craintes grandissent à la découverte d’un article sur le décès d’une personne jeune et en bonne santé atteinte de la Covid-19. Les symptômes s’intensifient avec des pressions aux oreilles et des maux au poumon droit.
Lundi, les symptômes persistent, et le test du Covid-19 est effectué. Les douleurs au bas du ventre, aux fesses, aux genoux et au poumon droit s’ajoutent, suscitant de l’inquiétude. La recherche en ligne alimente l’anxiété, affectant mon moral. Les douleurs s’aggravent avec une augmentation de la fièvre et des maux de tête. Une amie offre son soutien en faisant les courses, apportant même un gâteau marocain réconfortant. Son geste soulage temporairement ma fatigue et mon essoufflement.
Mardi, après une nuit sans sommeil, l’attente du résultat du test s’étire. Les douleurs persistent avec fièvre, maux de tête et douleurs oculaires. Les frissons font leur apparition, mais les contractions au poumon droit disparaissent. Les échanges avec des amis reflètent des réactions diverses, certains minimisant la situation, d’autres faisant preuve de compréhension. La nuit, malgré les douleurs, je parviens à m’endormir vers 23h30.
Le mercredi sombre
Mercredi matin, vers 1h30, je me réveille avec des difficultés respiratoires et une douleur intense du côté gauche du poumon. Les tentatives pour me lever sont douloureuses, mes cuisses et genoux me font souffrir. Malaise et étourdissements m’accompagnent alors que je me dirige péniblement vers la salle de bain. Mon objectif est de me voir dans le miroir, mais la faiblesse m’empêche même d’allumer la lumière. Soudain, je m’évanouis brutalement, comme si quelqu’un avait débranché mes câbles.
Je perds conscience pendant quelques minutes, entendant des voix et des pleurs, mes proches m’appellent. À mon réveil, transpirant abondamment, la vision floue, je ressens une douleur au poumon gauche et des palpitations. Malgré mes efforts pour me lever et rassurer mes proches, je m’évanouis à nouveau. Une voix du 911, indiquant de me placer sur le côté droit en attendant une ambulance, parvient à mes oreilles. Je m’éveille à nouveau, frissonnant, avec des sécrétions à côté de moi, réalisant qu’elles proviennent de ma bouche.
Les ambulancières arrivent après une dizaine de minutes, professionnelles et compatissantes. Après diverses vérifications, je suis transporté aux urgences de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, découvrant l’intérieur de l’ambulance. Aux urgences, l’ambulancière partage mon état avec le personnel de triage, apprenant que je suis positif au Covid-19. Installé dans une pièce, je perds encore conscience lors du transfert, éprouvant les mêmes symptômes.
Il est 2h51 du matin, je suis fatigué et seul. Les pensées noires m’assaillent, envisageant le pire. Un appel de mon frère, habitant en Europe, renforce mes craintes, et j’ai besoin de prières. Des scénarios sombres traversent mon esprit. Réfléchissant au passé, je regrette certains actes, demandant pardon à Dieu et remerciant pour les bonnes choses de ma vie. Les souvenirs avec ma famille me submergent, me demandant si j’ai été à la hauteur. Pour le futur, je visualise les projets personnels et professionnels, prenant conscience de ce que je tenais pour acquis.
En pleine réflexion, une infirmière entre, stabilisant mon état. D’autres suivent avec des capteurs et des prélèvements sanguins, assurant qu’il n’y a rien d’inquiétant. Ma mère est mise au courant, et dans l’attente d’un médecin, je continue ma réflexion profonde, exprimant gratitude, pardon et amour, conscient de la fragilité de la vie.
La médecin m’a enfin rendu visite, posant des questions et expliquant que j’avais subi une chute de tension artérielle et de fréquence cardiaque. Après des recherches, j’ai compris que le débit sanguin avait diminué dans la zone cérébrale, privant temporairement mon cerveau d’oxygène. Elle m’a assuré qu’elle me surveillerait toute la journée et que si je m’améliorais d’ici le soir, je pourrais rentrer chez moi.
Peu après, on m’a conduit dans une autre section de l’hôpital, une salle d’observation, où j’étais placé sur une civière. Isolé, je n’avais pas le droit de quitter la pièce. Une infirmière, marocaine, m’a apporté de l’eau et de la nourriture, me souhaitant un bon rétablissement. Une infirmière attitrée m’a informé des procédures, administrant du Chlorure de sodium par un tuyau, me fournissant du Tylenol pour soulager mes maux. Elle a effectué un électrocardiogramme ambulatoire, enregistrant ma fréquence cardiaque toute la journée. Des tests, dont une échographie de tomodensitométrie, ont été réalisés dans d’autres sections de l’hôpital.
Observant les alentours lors de mes déplacements, j’ai constaté l’uniforme jaune porté par ceux qui sortaient de la section Observation. En essayant de compter les pièces similaires à la mienne, j’ai pensé à l’ampleur des cas de Covid-19 et aux complications possibles. Ces calculs m’ont fait prendre conscience de l’importance des mesures sanitaires. Mes réflexions ont été interrompues par un appel de mes parents, soucieux de ma santé malgré mes tentatives de les rassurer. Les douleurs persistantes m’ont rappelé ma condition, soulignant l’urgence de me concentrer sur ma guérison plutôt que sur des préoccupations futiles.
Après une journée éprouvante, la médecin est venue me voir vers 18h. Elle m’a communiqué un bilan de mon état de santé, incluant les résultats des radios, prélèvements, et autres examens réalisés au cours de la journée. Elle a noté la présence d’une infection pulmonaire, mais m’a rassuré en précisant que ma situation était moins préoccupante par rapport à d’autres personnes testées positives. Mes battements cardiaques étaient normaux. Cependant, elle ne pouvait garantir que j’avais déjà passé le pic de la maladie, soulignant la variabilité d’une personne à l’autre. Il restait une possibilité que ma condition puisse se détériorer à nouveau, nécessitant un retour rapide aux urgences. Elle a conclu en exprimant son optimisme quant à ma guérison, basé sur son expérience et mon âge, et m’a donné mon congé.
Quelques minutes plus tard, une personne est venue retirer la seringue utilisée pour l’administration du chlorure de sodium et les prélèvements sanguins. Elle m’a informé que je pouvais partir. Cependant, lorsque j’ai demandé comment je pourrais rentrer chez moi, sa réponse a été de prendre un taxi. Face à mon interrogation quant à la permission d’utiliser un taxi, elle a indiqué qu’elle se renseignerait. Plus tard, une autre personne est intervenue, mais ses suggestions, notamment de rentrer à pied, semblaient déplacées et ironiques, considérant ma difficulté à marcher.
Mes proches, après avoir parlé à la santé publique, m’ont informé que l’hôpital était responsable de trouver une solution pour mon retour à domicile, avec des contacts de taxis spécialisés ou d’associations d’aide aux personnes atteintes par la Covid-19.
Cependant, la personne venue me voir a maintenu que c’était à moi de trouver une solution. Après une période de confusion, elle est finalement revenue avec la nouvelle qu’un taxi avait été appelé pour moi.
En me dirigeant vers la sortie pour le prendre, j’ai constaté que j’avais des difficultés à marcher correctement, ce qui était différent de la journée précédente. Le chauffeur de taxi, un maghrébin que je pense Tunisien, a été extrêmement gentil et m’a même ouvert la porte à mon domicile. La course était gratuite et je ne sais pas si c’est l’hôpital qui l’a payée.
En rentrant chez moi, mes proches m’ont accueilli les larmes aux yeux, exprimant leur inquiétude. Cela a été un moment émouvant pour moi, réaliser l’impact de cette expérience sur ma famille. Je me sens mieux pour le moment, sans fièvre, et j’espère pouvoir dormir cette nuit. Cependant, les douleurs persistantes tout au long de la nuit ont compliqué mon repos.
Après le pic
Jeudi matin vers 5h30, la fièvre a disparu, mais les douleurs persistent, notamment des maux de tête et des douleurs oculaires. En me levant pour aller à la salle de bains, je ressens une faiblesse et un déséquilibre, frôlant presque la chute. Les douleurs musculaires sont présentes, et la crainte du malaise dans la salle de bains d’hier me traverse l’esprit, provoquant un sentiment de malaise.
De retour au lit, je m’allonge et contemple le plafond, poursuivant mes réflexions sur ma vie pré et post-Covid. Ces moments de réflexion prennent une tournure philosophique, mettant en lumière la priorité de la santé par rapport aux futilités matérielles auxquelles les humains s’attachent.
Je me fais des promesses, notamment en ce qui concerne la spiritualité que j’avais négligée depuis des années. Une autre promesse concerne le soin de ma santé, avec un engagement à bien manger, dormir suffisamment et faire de l’exercice.
À 8h30, bien que toujours éveillé, je me rappelle d’un livrable professionnel à réaliser pour le lendemain. Malgré ma faiblesse, je m’efforce de travailler, constatant que la position assise soulage quelque peu mes douleurs musculaires. Resté connecté jusqu’à 16h, j’ai ressenti une légère amélioration, peut-être due aux échanges avec des collègues.
En début d’après-midi, une amie de la famille apporte des plats préparés, de la soupe et des fruits, soulageant notre besoin immédiat. En fin d’après-midi, notre propriétaire, malgré sa maladie chronique, offre un plat cuisiné, des masques, des visières et du gel alcoolisé, geste qui me touche profondément.
La soirée prend un tournant négatif avec le retour de la fièvre, des douleurs généralisées et des frissons. La nuit est difficile, marquée par une souffrance intense et l’absence de sommeil.
Les journées suivantes, jusqu’à dimanche matin, sont marquées par une détérioration continue de ma santé. Les douleurs atteignent leur apogée, et je réalise plus tard avoir atteint le pic de la maladie ce dimanche matin.
À partir de dimanche après-midi, la fièvre diminue, mais mon état reste variable. Les douleurs persistent, mais la situation semble s’améliorer. La générosité de mon entourage, avec des plats cuisinés et des gestes attentionnés, réchauffe mon cœur.
Les journées suivantes voient une diminution progressive des symptômes. Mardi et mercredi, la fièvre et les maux de tête disparaissent, bien que les douleurs musculaires persistent. Je ressens une faiblesse extrême, mais je commence à reprendre lentement des activités quotidiennes.
Jeudi, les douleurs musculaires diminuent, et une toux intense a fait son apparition. Celle-ci a persisté pendant quelques mois après la maladie, et j’ai eu du mal à reprendre mes activités normales, notamment la marche et la course. Je me fatiguais très rapidement. Je n’ai pu retrouver ma forme qu’au bout de trois mois.
Cette expérience a été révélatrice puisqu’elle m’a offert une meilleure compréhension de mon entourage. J’ai pu découvrir la sensibilité profonde au sein de ma famille ainsi que la générosité manifeste de certains amis et de ma propriétaire.
Je ne souhaite à personne de vivre cette expérience, même à mon pire ennemi. Pour l’avenir, je m’engage à me concentrer sur des choix bénéfiques pour ma santé et à apprécier les choses simples de la vie, conscient que ce qui semble improbable le matin peut devenir réel l’après-midi.